Merhaba : funky different !

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Merhaba, littéralement « bienvenue », se veut un lieu où chacun se sente accepté – homme ou femme – quelle que soit sa nationalité, son origine ethnique, ses tendances sexuelles, ses opinions… Interview d’une de chevilles ouvrières de l’association, Saïd.

En quoi consiste votre objet social ?

Notre asbl se veut un lieu d’accueil, de rencontre, de fêtes et de débats. Il s’agit de pouvoir écouter les jeunes en difficulté, de favoriser les rencontres par le biais de soirées et de faire progressivement de l’acceptation de l’homosexualité de tous un enjeu de société. Nous servons aussi de relais. Certaines personnes ont besoin d’une aide plus spécialisée, nous les orientons vers des professionnels du secteur social. Notre association est religieusement neutre, nous nous concentrons sur l’acceptation de l’autre.

Merhaba est proche des grandes organisations gaies comme Tels quels ou complètement indépendante ?

Merhaba est une asbl indépendante. Il n’y a pas de lien particulier avec Tels quels, par exemple.

D’où venait la nécessité de mettre en place une structure spécifique pour les gais et lesbiennes d’origine turque ou marocaine ? Il me semble que les associations gaies classiques offrent un accueil et toute une série de services très bien organisés…

Notre association est ouverte à tous, mais nous visons surtout les jeunes d’origine turque, nord-africaine ou moyen-orientale. C’est vrai qu’il y a déjà des associations classiques, mais cela n’enlève rien à la nécessité d’ouvrir un lieu, où des jeunes confrontés à un environnement plus hostile que la moyenne à l’homosexualité, puissent se rencontrer. Nous voulions aussi pouvoir soutenir ces personnes sur base de notre expérience personnelle. Nous avons vécu nous-mêmes des situations de rejet parfois très difficiles. Cela permet probablement de mieux comprendre ce que d’autres jeunes vivent actuellement.

En gros quels sont les problèmes rencontrés par votre public ? Problèmes de non-acceptation, de mésestime de soi, de rejet de la part du milieu gay ?

La famille est le plus souvent très négative face à l’homosexualité. Les jeunes sont pris dans un dilemme inextricable : soit se plier au diktat familial en sacrifiant leur homosexualité, soit couper complètement les ponts avec leur famille pour pouvoir vivre leur sexualité. Pour notre part, nous essayons de mettre l’accent sur une approche positive. Notre objectif est de les aider à trouver une voie intermédiaire entre ces deux solutions insatisfaisantes.

N’y a-t-il pas également une forme de mise à l’écart provenant d’une part non négligeable du milieu gay, que ce soit sur base raciste ou par le besoin de trouver plus marginalisé que soi afin de se donner le sentiment d’être bien intégré à la société majoritaire ?

Soyons réalistes, le racisme n’est pas uniquement typique des hétéros ou des « belgo-belges ». On trouve des racistes partout. Il y a toujours des gens qui veulent mettre d’autres gens à l’écart du fait d’une couleur de peau, de sentiments, d’une affection sexuelle différente… Personnellement, je ne sors pas tellement dans le milieu gay mais, à ma connaissance, il y a moins de racisme que dans la société majoritaire. Je crois que, quand on fait déjà partie d’une minorité, on comprend mieux les minorités, au sein de sa minorité.

Vous organisez des rencontres, des conférences. Il y a peu, vous mettiez en débat le rapport entre islam et homosexualité. Ces débats font-ils partie d’un travail en direction des communautés d’origine ?

Oui, nous travaillons aussi discrètement dans ce sens. Dernièrement, nous avons organisé une journée d’info destinée aux néerlandophones. Les associations gaies mais aussi les associations beurs – marocaines et turques – ont reçu un courrier d’invitation à cette journée. Nous n’avons eu aucune réponse de leur part, aucune réaction ! Face à une réalité que la plupart ne connaissent pas vraiment et à laquelle ils ne veulent pas être confrontés, c’est toujours la fuite en avant …

Votre association est fréquentée aussi bien par des hommes que par des femmes ?

Des jeunes filles font partie de l’équipe organisatrice de Merhaba mais peu de filles viennent aux réunions. Nous voudrions pourtant qu’elles y soient plus présentes mais c’est beaucoup plus difficile que pour les garçons.

Pour les filles, c’est plus compliqué de faire le premier pas ?

La réponse est connue : les hommes jouissent de plus de liberté et ne doivent pas rendre compte de leurs moindres faits et gestes !

L’association a été créée quand ?

Depuis à peu près 3 ans

Vous garantissez l’anonymat aux jeunes qui viennent vous voir ?

Bien entendu !

Vous parliez d’un choix difficile entre les exigences de la famille et les désirs du jeune homme ou de la jeune fille. Est-ce que la pression au mariage est importante ?

Oui, le mariage représente l’idéal. J’ai connu le cas de filles lesbiennes victimes de mariages forcés, ce sont des situations très dures.

Par quelle voie les jeunes connaissent-ils l’association ? J’ai vu de la pub dans le métro…

Il y a plusieurs canaux : les affiches dans le métro, les flyers destinés aux fêtes ou les folders de présentation générale et des liens sur des sites amis. Nous faisons également un maximum d’interviews radio, nous sommes fort attentifs à notre visibilité.

De quelle façon peut-on contacter Merhaba ?

Via notre E-mail (info@merhaba.be) ou en adressant un courrier à la maison arc-en-ciel, ou bien encore en venant nous parler directement lors des fêtes que nous organisons.

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