Sémira Adamu – « Nous sommes en danger, nous ne sommes pas dangereux »

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Le 24 septembre 2005 sera consacré à la commémoration de la mort de Sémira Adamu. Jeune réfugiée nigériane de 20 ans, elle avait fui son pays pour échapper au mariage forcé auquel on la destinait avec un homme de 65 ans.

Sept années se sont écoulées depuis son décès, le 22 septembre 1998. Etouffée à l’aide d’un coussin par des gendarmes belges lors d’une tentative d’expulsion, Sémira, comme tant d’autres, a été la victime du mépris et de l’inhumanité des politiques sélectives d’immigration belge et européenne.

Aujourd’hui, une coordination regroupant des associations, des politiques, des artistes,…. de toutes origines lance un appel à la mémoire. « Le but de cette journée est de commémorer Sémira, sa lutte, son rêve de liberté, ses peurs, mais aussi ce foisonnement de sentiments qui est encore bien actuel parmi les sans papiers. La situation vécue par Sémira est aujourd’hui encore criante d’actualité. Il est essentiel de faire le lien entre passé et présent », explique Oscar Flores, l’un des organisateurs de la journée.

La manifestation, qui sera organisée le 24 septembre prochain, s’articule donc logiquement autour d’une série de revendications :
- la régularisation des Sans Papiers.
- l’arrêt immédiat des expulsions et la suppression des centres fermés
- une politique migratoire respectueuse des droits humains fondamentaux

Cette journée insistera également sur la solidarité de la coordination avec l’Union pour la défense des sans papiers. Créée voilà un an, celle-ci est gérée par et pour les sans papiers. Elle est aujourd’hui implantée dans plusieurs grandes villes du pays. Leur objectif est d’obtenir, par des moyens pacifiques la régularisation et le respect de leur dignité. Leur participation à cette journée est significative. Si la mémoire de Sémira est plus vive d’année en année, c’est parce qu’elle revit à travers ce type d’action. Ali, représentant d’UDEP Bruxelles, témoigne de cet état d’esprit : « Sémira Adamu, c’est nous ». « Si l’UDEP était née il y a 8 ans, il est clair que Sémira aurait fait partie de l’UDEP. Cette journée est non seulement dédiée à Sémira Adamu, mais à tous ceux et celles qui se trouvent dans la situation qu’elle a endurée ».

Il est malheureusement navrant de constater que les erreurs du passé sont inlassablement répétées. A la veille de la commémoration de la mort de Sémira Adamu, aucun signe majeur d’amélioration de la situation des sans papiers ne se fait sentir. Les signaux d’alarme ont même tendance à se multiplier. Ces dernières semaines, l’Office des Etrangers (OE) a fait procéder à l’arrestation de plus de 60 personnes dans des centres d’accueil gérés par Fédasil, l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, en vue de leur expulsion. Pour la plupart, il s’agit de demandeurs d’asile déboutés, mais en attente d’une décision du Conseil d’Etat. L’UDEP, en collaboration avec de nombreuses associations, n’a pas manqué de dénoncer la politique inhumaine menée par les autorités. Ensemble, elles ont condamné cette procédure qui a fait l’objet d’un protocole entre l’OE et Fédasil. Ils ont protesté « contre le manque de droit de recours dans cet Etat qui se dit démocratique et respectant les droits de l’homme ». Ce protocole est choquant dans son principe. Il entretient la confusion des rôles entre les personnes chargées d’accueillir les demandeurs d’asile et celles chargées de les éloigner. Les conséquences sont évidemment catastrophiques. « Les personnes n’osent plus dormir dans les centres ouverts par peur des opérations tôt le matin et finissent par se retrouver dans la rue », explique Ali. Le résultat de ces opérations sera sans aucun doute une précarisation encore plus grande des sans papiers, livrés à eux mêmes, privés de droit et vivant dans la peur constante d’une arrestation.

Afin de dénoncer cette procédure, de revendiquer l’arrêt immédiat des expulsions dans les centres pour demandeurs d’asile et de sensibiliser l’opinion publique à l’inhumanité des situations vécues par les sans-papiers, une manifestation a déjà été organisée le vendredi 26 août à l’initiative des résidents du petit Château.

Le 24 septembre prochain, à l’occasion de la commémoration de Sémira, nul doute que les manifestants auront à cœur de rappeler ces revendications.

D’une manière ou d’une autre, la place est à vous !

Déroulement de la journée :

- La marche débutera à l’Office des Etrangers à 15 h (Boulevard Emile Jacqmain) et devrait arriver vers 17 h au Petit château.
- Interventions et discours par divers groupements invités et actifs dans l’organisation de la journée
- La journée s’achèvera par une série de concerts de 18 h à 23 h : Ziggy (hip hop), Zonneklop, Ali (musique afro), etc.

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