Pourquoi une association antiraciste se doit de soutenir la lutte pour les droits des femmes ?

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Aujourd’hui en Belgique, toutes les femmes sont invitées à faire grève, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Le MRAX a décidé de soutenir le mouvement. Dans notre lutte contre le racisme, il nous est primordial d’introduire la dimension de genre.

On le sait, le racisme et la xénophobie frappent des femmes et des hommes, indistinctement. Les races humaines n’existent pas. Mais le racisme a bien créé l’idée de « race ». Il existe en effet des groupes racisés, autrement dit des constructions sociales, politiques et économiques. Des différences, liées aux caractéristiques physiques ou culturelles des personnes, vont être perçues comme significatives. Ensuite, ces différences vont être essentialisées et assignées à des populations, cibles du racisme. Une couleur de peau, un habit, une langue ou une origine ethnique vont devenir le déterminant essentiel à partir duquel une personne sera identifiée et définie. Apparaissent alors les « noirs », les « arabes »,  les « roms », les « juifs », les « musulmans », les « étrangers », … Ce processus de racisation poursuit un objectif clair : la distribution inégale des ressources et du pouvoir entre les différentes catégories créées. On catégorise, puis on domine. En un mot, le racisme.

Tout comme la race, le genre est également une création sociale et politique structurée par des rapports de pouvoir. La catégorie « femme » renvoie à un statut social différent et inférieur rendu légitime et naturel dans une société patriarcale.

Ȇtre une femme racisée, c’est donc se retrouver au croisement de plusieurs systèmes d’oppression et souffrir potentiellement d’une « double discrimination », en tant que membres d’une minorité ET en tant que femmes. On parle alors d’intersectionalité. Lutter contre ces discriminations croisées implique nécessairement d’articuler et combiner les outils de l’antiracisme et ceux du féminisme.

En raison de leur sexe biologique, les femmes sont particulièrement vulnérables au racisme et à la discrimination raciale. Lors de nos permanences sociales et juridiques, nous accueillons au MRAX des femmes qui n’ont pas toujours conscience que les injustices qu’elles subissent n’ont pas qu’une seule cause. Elles sont migrantes, elles sont sans papiers, elles sont afrodescendantes, elles sont musulmanes, … Et dans leurs cas, sexisme et racisme sont deux violences qui se mêlent et se renforcent. Les deux constituent une même oppression. La récente polémique autour du « hijab de Décathlon » en France illustre tristement cette réalité.

Nous ne pouvons négliger la diversité des expériences des femmes et le fait qu’elles sont aussi fragilisées par d’autres facteurs qui ne tiennent pas à leur sexe. Il ne s’agit nullement de devoir choisir entre antiracisme et féminisme, nous mènerons ces luttes de front.

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