Communiqué de presse – Agir d’urgence contre le climat raciste qui sévit dans notre pays

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L’année 2018 particulièrement pénible pour les défenseurs de l’égalité réelle au cours de laquelle, outre les discriminations structurelles constituant la réalité quotidienne de nombre de personnes issues de la diversité, différentes attaques racistes ont défrayé la chronique. Il y a eu notamment l’attaque d’une jeune fille portant le voile à Anderlues, les incidents dont ont été victimes des personnes afro-descendantes au Festival Pukkelpop, l’agression antisémite d’une famille à Marchienne-au-pont… sans compter l’homicide de la petite Mawda dans un contexte d’exacerbation institutionnelle de la migrantophobie.

Force est de constater que 2019 ne s’annonce pas sous les meilleures auspices. Outre la manifestation affligeante d’une classe de rhétoriciens de Melle qui a cru bon de s’amuser en reprenant à son compte les pires préjugés à l’égard des musulmans, le carnaval d’Alost a été une nouvelle occasion de prendre la mesure du degré incommensurable de banalisation du racisme dans ce pays. Tout d’abord, les organisateurs ont fait circuler un char antisémite reprenant les pirs poncifs à l’égard des personnes de la minorité juive de Belgique. L’argument de l’humour et de la dérision ne servira jamais à remettre au goût du jour les caricatures similaires à celles qui ont servi naguère à la déshumanisation d’une communauté et préalable à l’entreprise de destruction génocidaire qu’elle a eu à subir. L’organisation du Carnaval d’Alost a toléré une autre ignominie. En effet, des individus déguisés en membres du Ku Klux klan ont également défilé le 3 mars dernier à Alost. Le député et chef de file du Vlaams Belang à Ninove, Guy D’haeseleer, a participé à ce défilé abject évocateur de tant de crimes commis dans différents États du sud des États-Unis. Ce sinistre personnage n’a pas hésité, se gaussant de la sorte des multiples victimes afro-américaines du KKK, à encourager ses suiveurs à se badigeonner de « mousse au chocolat », recours au « blackface »  particulièrement répugnant dans la circonstance. Aucun folklore ne pourra jamais justifier l’évocation festive des lois Jim Crow, des lynchages ou de l’infériorisation d’une partie de la population. Le Carnaval d’Alost n’en est malheureusement pas à son coup d’essai. En 2013, un char représentait les wagons qui emmenaient les juifs vers les camps d’extermination sous le régime nazi.

Il est particulièrement affligeant de constater l’absence de réactions politiques et institutionnelles une semaine après cette procession de la haine. Un sursaut démocratique est nécessaire pour lutter urgemment contre le climat raciste qui sévit actuellement en Belgique. L’ensemble des niveaux de pouvoir de même que l’ensemble des partis sont concernés. En ce qui concerne le carnaval d’Alost, le MRAX demande à la Région flamande et à l’État fédéral de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ne plus laisser les sympathisants du Belang et leur complice bourgmestre de N-VA faire une nouvelle fois du carnaval d’Alost une parade raciste en 2020. De manière générale, le MRAX demande à l’ensemble des formations politiques attachées à l’application réelle de l’article 10 de la Constitution instaurant l’égalité entre tous les belges de s’engager fermement à prendre des mesures concrètes pour lutter contre le racisme et la xénophobie.

Parmi les réactions appréciables, outre celle de la Commission européenne pour au moins une partie des faits mentionnés, il convient de relever celle d’Ernesto Ottone Ramirez, directeur adjoint de la culture de l’UNESCO, qui s’est indigné de ce qu’il a vu le 5 mars. Le MRAX demande donc à cette institution d’être cohérente et conséquente et d’envisager sérieusement le retrait du carnaval d’Alost de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. Le MRAX rappelle qu’en ce qui concerne le patrimoine mondial, l’Unesco a pris par deux fois la décision de retirer des sites de sa liste du patrimoine mondial culturel et naturel à Dresde et à Oman en raison de l’attitude des autorités locales.[1]

Dans le contexte des élections européennes qui risquent de se solder par un renforcement de l’extrême-droite en Belgique et dans le reste de l’Europe, il est urgent de demander aux démocrates conséquents d’agir enfin concrètement contre un racisme décomplexé se fondant notamment sur des représentations infamantes de minorités ayant à subir des discriminations quotidiennes ou des violences ponctuelles!

Carlos Crespo, président du MRAX

Contact presse : Carlos Crespo – 0485311658

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