Lettre à nos parlementaires

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C’est la Saint-Nicolas et la Saint-Nicolas, comme chacun sait (ici) (en Belgique), c’est le jour des cadeaux. Quelques illuminés décident d’en distribuer aux enfants des centres fermés… Témoignage…

 

Madame, Monsieur,

Hier, le dimanche 5/12/2004, j’ai assisté à un rassemblement au 127 bis, centre fermé pour personnes sans papiers, à l’occasion de la Saint Nicolas, pour apporter des jouets aux enfants et des cartes de téléphone pour les adultes et pour attirer l’attention de tous sur cet endroit sinistre, où des familles, qui n’ont rien à ce reprocher sinon d’être d’ailleurs, sont enfermées en attente d’une éventuelle expulsion.

La majorité de ces personnes (plus de cent) vivent depuis parfois plusieurs années en Belgique, dans la clandestinité, après avoir reçu un avis négatif concernant leur demande d’asile de la part de l’Office des étrangers, et parfois, elles ont été arrêtées lors de contrôle ou de rafles.

Les organisateurs avaient reçu l’autorisation du directeur du centre pour que trois parlementaires, deux clowns et deux d’entre eux rentrent dans le centre pour distribuer les cadeaux. A leur arrivée, la direction a fait entendre qu’elle n’accepte l’entrée que des trois parlementaires. Après de longues discussions, ils ont permis que les deux clowns les accompagnent pour distribuer les jouets et les cartes de téléphone mais pas l’entrée des deux personnes responsables de l’initiative. Les cadeaux ont été minutieusement fouillés et plus de la moitié ont été refusés.

A l’extérieur nous étions une centaine à parler avec les détenus à travers trois rangées de hauts grillages et de barbelés, et ceci à plus de 80 mètres de distance. Les détenus exprimaient leur détresse et leur grand besoin de dialogue, depuis leurs barreaux des fenêtres.

Il y avait à l’extérieur deux petites filles équatoriennes qui venaient avec leur tuteur et qui avaient rendez-vous pour rencontrer leur maman et papa enfermés dans le centre. Malgré ce rendez-vous, les petites n’ont pas pu rentrer.

Après 2 heures d’attente dans le froid, la direction nous a fait savoir que les 2 enfants ne pourraient rentrer qu’à partir du moment ou le rassemblement pacifique serait disloqué.

Les participants ont décidé à ce moment-là de quitter les lieux et de céder à ce chantage des plus odieux, pour permettre aux enfants de voir leur maman et papa.

Un chantage où 2 enfants sont utilisés pour disloquer un rassemblement pacifique. Bravo les braves responsables des centres et la politique d’intégration made in Belgium !

Aujourd’hui, comme depuis le 3 mai 1964, je vais faire mon boulot d’homme “libre”. Il est 6 heures du matin, j’ai 54 ans, j’ai une petite entreprise du bâtiment, ou nous travaillons à 7 hommes “ libres ” Ma fille de 19 ans va suivre ses cours à Louvain la neuve. Mon Fils de 24 ans va s’occuper d’un de nos chantiers. Mon épouse, 50 ans, va partir au bureau comme depuis 30 ans.

Je suis fatigué d’être un Bon Belge, dirigé par des égoïstes, des soi-disant démocrates, qui font la vierge effarouchée dès que le Vlams Blok ou Belang, fait une déclaration raciste. Je n’aime pas ce parti mais avec lui au moins on sait à qui on a à faire, avec vous mesdames, messieurs les bons dirigeants de partis traditionnels, c’est à pleurer de honte, oui, je suis honteux, oui j’ai pleuré en rentrant de Bruxelles hier en pensant que vous mesdames et messieurs les hommes politiques, vous avez voté, vous avez accepté, que soient construits de tels centres, les centres de la honte, la honte sur nous belges.

J’ai payé mes impôts toute ma vie pour que vous en fassiez ça ?

J’ai voté pour des partis traditionnels pour que leurs représentants aux divers gouvernements fassent ça ?

Vraiment je suis dégoûté…

En 1940, ma mère, mon père et mes frères et sœurs aînés, sont partis de Genappe, abandonnant leur maison pour une région inoccupée par l’envahisseur, même si cela n’a pas été facile tous les jours, ils ont été accueillis par les Toulousains qui ne les ont pas enfermés dans des centres. Ne me dites pas que ce n’est pas pareil… quelle différence entre une famille belge et une de n’importe quel pays ?? Je ne vois pas….

Christian Vanderlinck, ardoisier-couvreur-zingueur depuis 1964, chef d’entreprise, père de 2 enfants, conseiller communal à Genappe, pas de casier judiciaire, pas révolutionnaire…. Dégoûté…. , simplement dégoûté.

Bonne fête de saint Nicolas……. N’avez pas oublié vos enfants j’espère…

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