La direction se réserve le droit d’entrée

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Pour rendre compte de l’ampleur du phénomène et rappeler à tout un chacun les droits fondamentaux de chaque être humain, le MRAX a effectué une enquête relative au délit de sale gueule entre octobre 2000 et juin 2001.

L’hypothèse avancée par l’organisation était qu’il existe, à l’entrée de certains lieux publics, un filtrage basé sur l’origine ethnique des personnes qui s’y présentent. Ainsi, les jeunes d’origine non européenne seraient, dans la majorité des cas, discriminés à l’entrée d’un bar ou d’une discothèque.

Pour confirmer cette théorie, le MARX a utilisé la méthode du testing. Il s’agissait d’envoyer des personnes choisies scrupuleusement (sur base de critères tels l’origine ethnique…) à l’entrée de plusieurs discothèques bruxelloises et de consigner les réactions des portiers.

Pour assurer la fiabilité des résultats et éviter de fournir aux videurs un prétexte de refus autre que l’origine des clients, il était nécessaire de maîtriser certains paramètres tels que :
- le nombre de personnes qui se présentent en même temps : les enquêteurs se présentaient par deux. Il s’agissait soit de deux personnes d’origine étrangère, soit de deux Belges ou encore d’un étranger et d’un Belge ;
- le nombre d’hommes et de femmes qui se présentent en même temps : les couples étaient composés soit uniquement d’hommes ou de femmes ; soit d’un homme et d’une femme ;
- le comportement des enquêteurs à l’égard des videurs : ils devaient garder leur calme en toutes circonstances ;
- l’heure d’arrivée devant l’établissement : les enquêteurs arrivaient de préférence tôt de façon à être sur qu’il y ait encore des places disponibles dans l’établissement ;
- la tenue vestimentaire : interdiction de porter des jeans ou des baskets, tous les enquêteurs étaient vêtus de manière sobre et élégante ;
- le fait d’être sobre : interdiction de consommer des substances euphorisantes.

Les résultats de cette enquête démontrent clairement l’importance de la discrimination exercée par certains tenanciers.

En effet, les quinze établissements visité en Région de Bruxelles-Capitale ont refusé au moins un des couples. Le couple le plus discriminé était celui constitué par deux hommes d’origine étrangère (refusé à 63%) ; viennent ensuite le couple d’homme dont un Belge et un étranger (39%) ; le couple composé d’un homme d’origine étrangère et d’une femme belge (34%) et le couple homme et femme d’origine étrangère (28%). Le couple de deux femmes d’origine étrangère n’a été refusé que trois fois sur l’ensemble des 27 visites. En revanche, deux couples n’ont jamais été discriminés celui de deux femmes belges et celui constitué d’une femme belge et d’une femme d’origine étrangère.

Les principaux motifs de refus qui ont été signifiés étaient par ordre de fréquence :
- la nécessité d’être un habitué du lieu durant le week-end ;
- la nécessité d’être accompagné d’une femme ;
- une tenue correcte exigée (alors que tous les testeurs étaient habillé de la même manière) ;
- la fermeture de l’établissement.

La discrimination étant un délit, les refus d’entrée aux clients d’origine étrangère sont justifiés par des prétextes aussi divers que la nécessité d’être habillé correctement, le manque de place dans l’établissement… Il n’est donc pas toujours évident de prouver la discrimination et ce d’autant plus que le tenanciers emploient le plus souvent des videurs eux-même d’origine étrangère ce qui laisserait entendre que « la maison » accepte tout le monde….

 

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