Zuhal Demir, la femme qui devient pyromane le lendemain de sa nomination comme pompier

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Zuhal Demir est devenue, vendredi dernier, Secrétaire d’Etat à l’Egalité des Chances, en remplacement d’Elke Sleurs qui tirera la liste N-VA à Gand en remplacement de Sigfried Bracke dont les ambitions municipalistes ont été emportées par un médiatisé problème de conflits d’intérêts lié à un cumul de mandats. Sans doute pour occuper l’espace médiatique avec d’autres questions que celles ayant en partie discrédité le Président de la Chambre, Zuhal Demir a entamé son mandat de manière tonitruante. La Limbourgeoise de la N-VA a brocardé UNIA, coupable, selon elle, d’être « obsédé par les discussions sur le Père fouettard alors que les vrais problèmes demeurent ».

Ce commentaire à l’emporte-pièce appelle plusieurs observations. Tout d’abord, il semble que la nouvelle Secrétaire d’Etat soit bien prompte à taxer UNIA d’obsédé. Ainsi, sur 842 articles répertoriés sur le site francophones du centre, UN seul est consacré au « Père fouettard ». Et si, comme le disent certains membres du parti de Zuhal Demir, « les francophones sont le problème », alors il suffit de s’intéresser à la partie néerlandophone du site pour se rendre compte que la question du « Zwarte Piet » est également évoquée dans 1 article sur 878 !

Ensuite, cette question qui a suscité un vif débat aux Pays-Bas, entraîné une prise de position critique et étayée de la Médiatrice néerlandaise aux Droits de l’Enfant, une instruction par le Comité des Nations Unies sur la discrimination raciale, plusieurs manifestations… est peut-être moins anecdotique que ce que ce que Mme Demir semble penser. En effet, si l’on considère que la célèbre figure de « Père fouettard/Zwarte Piet », faire-valoir de Saint-Nicolas, peut marquer durablement les enfants, n’est-il pas légitime de s’interroger sur l’impact qu’un personnage aussi stéréotypé peut avoir sur des jeunes d’origine subsaharienne et la perception qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur place dans la société ? Quand on sait que l’infériorisation systémique de certaines composantes de notre société a historiquement justifié des crimes contre l’humanité comme l’esclavage, la colonisation ou les génocides, ne peut-on pas se dire que les clichés racistes perpétués avec l’excuse du respect des traditions ne sont pas si anodins !

Il est permis de faire des reproches à UNIA, comme à toutes les institutions parapubliques. Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, le contenu du mail, évoqué par Mme Demir, envoyé par erreur par un employé du centre, peut être légitimement considéré comme blessant, surtout pour ceux qui sont confrontés à cette forme toujours sinistrement vivace de racisme qu’est l’antisémitisme. Au niveau du MRAX, nous avons d’ailleurs déjà dénoncé des faits similaires à ceux qui sont évoqués1. Toutefois, donner l’impression que certaines minorités qui sont la cible des racistes de toutes sortes, sont moins défendues que d’autres par l’institution parapublique qui lutte contre les discriminations, notamment, quand, comme Mme Demir, on a la tutelle sur l’Egalité des Chances… et le dialogue interculturel, est une manipulation populiste grossière.

Surtout quand on sait que la N-VA, premier parti du pays et au sein du Gouvernement fédéral depuis deux ans et demi, n’avait pas trouvé grand-chose à redire au fonctionnement et au travail d’UNIA avant les ennuis récents de Sigfried Bracke ! Ainsi, le nouveau pompier chargé d’éteindre les incendies risquant de réduire en cendres le principe constitutionnel d’égalité, vient de démontrer son efficacité comme… pyromane!

 

1https://mrax.be/communique-de-presse-du-mrax-la-legitime-horreur-dun-conflit-ne-justifie-en-aucune-maniere-les-atteintes-chez-nous-au-vivre-ensemble-et-au-respect-de-lautre/

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