Un jour je serai Belge (peut-être)

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Il aura fallu qu’une sénatrice exerce son droit d’interpellation à l’égard du Premier Ministre pour qu’apparaisse au grand jour la réalité du racisme quotidien. En effet, son intervention dans l’enceinte parlementaire a eu non seulement pour conséquence d’entraîner le courroux de la Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, Mme Maggie De block, mais elle a également été suivie de la réception par la sénatrice de nombreux mails racistes tels que celui-ci :

« Foutez-nous la paix avec vos attaques à Maggie De Block. Elle fait au moins du bon travail, ce qui n’est pas votre cas !

Retournez dans votre pays d’origine pour y poser vos empreintes de dictateur pour un changement radical, mais laissez les belges en paix !

Vous venez uniquement dans notre pays pour profiter de notre système fiscal, social etc… recevoir une bonne allocation de chômage que les belges doivent payer, après quoi vous décidez, lors de votre décès de vous faire enterer (sic) dans votre pays d’origine. PARASITES ! »

Quelques jours ont passé, la presse a brièvement relevé la chose, le dossier est clos.

Quand la Ministre Taubira en France et la Ministre Kyenge en Italie ont-elles-mêmes été victimes de propos racistes, c’est l’ensemble de la classe politique de leur pays respectif qui s’est levée et qui a dénoncé la gravité des faits.

Nous ne voyons rien de tel en Belgique !

Notre classe politique est-elle si malade ? Le racisme est-il à ce point banalisé qu’il ne choque et ne dérange plus personne ?

Force est de constater la bonne santé d’un racisme latent et prêt à éclater à chaque occasion. Celui-ci s’appuie sur la perpétuation bien entretenue d’une fausse dichotomie entre les « vrais belges » et les pas vraiment belges qui sera systématiquement rappelée à tout citoyen ayant effectivement des racines un peu plus étrangères – ou étranges – que les autres belges, afin de réduire toute sa personne et toutes ses actions à cette seule qualité.

Le contexte socio-économique actuel est idéal pour tout politique qui, ayant des difficultés à proposer un programme réfléchi et fourni, pourra s’appuyer sur tout ce que l’humain peut avoir d’animal – l’esprit de meute, la loi du plus fort, l’absence d’empathie,… – pour gagner un électorat facile en propageant cette vision binaire de la société, distinguant les « Belges » du reste. Ces vociférations haineuses et anonymes n’en sont que plus confortées face à ces « stratégies » politiques.

Nous venons de terminer deux marches aux côtés des Afghans à travers la Wallonie et la Flandre. La population de chacune des deux régions nous a plus que chaleureusement accueillis. Dès lors, qui sont donc ces gens haineux qui, de derrière leurs écrans d’ordinateur, tiennent de tels propos dès lors que l’on soutient l’application du droit dans les politiques d’asile? Quelle est leur représentativité ? La science politique explique le vote d’extrême droite comme le vote de cette partie de la population qui perçoit, à tort, sa vie comme un échec. Est-ce à ce public que veut plaire notre Gouvernement à travers ses positions surréalistes dans le dossier des Afghans ? C’est en tout cas chez ce seul public que ces positions sont applaudies.

De nombreuses commémorations seront organisées à l’occasion des 50 ans de l’immigration turco-marocaine, auxquelles s’afficheront l’ensemble de nos dirigeants. Quelle valeur cela peut-il avoir si nous ne combattons pas fermement tous ceux qui refusent le droit aux nouvelles générations issues de ces migrations à faire valoir pleinement leur qualité de citoyen belge. L’expérience grecque nous démontre chaque jour que nous ne pouvons pas nous permettre un tel laxisme face à ces menaces sur le vivre ensemble et la cohésion sociale.

En conséquence, nous réclamons une condamnation ferme et symbolique de l’ensemble de notre classe politique, de gauche comme de droite, face aux attaques à l’encontre de Mme Khattabi. Il en va de la préservation de notre unité nationale.

Tommy BUI                                                                     Vincent CORNIL

Président du MRAX                                                       Directeur du MRAX

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