Quand le carnaval d’Alost abime l’image de la Belgique dans le monde

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L’UNESCO est une institution internationale respectable. Elle a pour finalité de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples. » Elle entend notamment valoriser le patrimoine culturel immatériel de l’humanité. A cette fin, elle dresse une liste de biens à préserver et promouvoir. Le Carnaval d’Alost en faisait partie depuis 2010. L’usage de l’imparfait est de rigueur puisque le bourgmestre N-VA d’Alost a annoncé le 1er décembre le retrait de l’événement du patrimoine. Il contestait les vives critiques de différents acteurs, parmi lesquels le MRAX, sur l’antisémitisme d’un char mettant en exergue les clichés séculaires sur les juifs. Il a surtout anticipé l’exclusion prévue du carnaval d’Alost lors de la session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se tient en ce moment à Bogota. Outre le char évoqué, le carnaval d’Alost s’était aussi distingué par la mise en scène de figurants déguisés en membres du Klu-Klux-Klan ou de prisonniers envoyés dans des camps de concentration.

L’exclusion d’un événement de la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est quelque chose d’exceptionnel. En l’espèce, au vu des provocations récurrentes des organisateurs, cela apparait comme pleinement justifié. On ne peut que déplorer que ces faits n’aient suscité que peu de réactions dans le monde politique. C’est pourtant l’image de la Belgique qui a été abimée. Le MRAX s’est déjà positionné sur le fait que le folklore ne serait jamais un motif légitime de propagation de la xénophobie. Au-delà de la réputation du pays, c’est certains de ses citoyens qu’on a brocardé, c’est une période infamante de l’histoire qu’on a banalisé, c’est la haine de l’autre qu’on a délibérément mise en scène !

Il devient urgent de réfléchir à d’autres événements folkloriques qui contreviennent aux principes de l’UNESCO. Et ce, afin d’éviter à ce pays et surtout à certains de ses habitants de nouvelles humiliations. A ce stade, il semble nécessaire de rappeler à certains politiques qui pourraient se complaire dans la posture de l’autruche qu’en aout dernier, l’UNESCO a également lancé un avertissement aux organisateurs de la Ducasse d’Ath à propos du personnage du « Sauvage ». Ce dernier est porteur de beaucoup des stéréotypes coloniaux qui ont justifié des décennies d’exploitation et d’infériorisation. La Ducasse d’Ath figure également dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis 2008. Il ne reste que quelques mois pour éviter à la Belgique d’être à nouveau mise en évidence pour les relents racistes d’une partie de son folklore.

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