Pas de frontières dans le combat contre le racisme

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Le vote des britanniques sur la sortie de leur pays de l’Union Européenne continue de susciter des réactions de diverses natures au Royaume-Uni et ailleurs. Outre le séisme politique qu’elle a suscité et qui a entraîné un pas de coté de différents leaders politiques qui s’étaient impliqués dans la campagne (Cameron, Farage, Johnson,…), la victoire du Brexit a eu des conséquences bien funestes pour certains citoyens. D’après le Conseil National des chefs de la police britannique, le nombre de rapports pour crimes de haine a explosé la semaine qui a suivi le référendum. Alors qu’en moyenne, 63 actes sont recensés par semaine, la Police a pu en dénombrer 331[1].

La campagne pour le Brexit a sans aucun doute contribué outre-Manche à la libération de la parole raciste. L’UKIP, le parti anti-européiste de Nigel Farage, a indubitablement joué sur la peur de l’immigration dans sa propagande. Mais la violence n’a pas été que verbale. La députée européiste Jo Cox est tombée sous les balles d’un tueur d’extrême-droite. Subir les sourires carnassiers des xénophobes Farage, Le Pen et autres Wilders après la victoire du Brexit est extrêmement pénible pour les antiracistes. Toutefois, s’il est essentiel d’être solidaire de ceux qui luttent contre la xénophobie au Royaume-Uni aujourd’hui et qui continueront à le faire demain, il importe de ne pas se tromper de combat. On ne peut pas réduire le débat à une opposition entre une Union Européenne intrinsèquement ouverte et des Etats-nations viscéralement intolérants. L’UE n’est en rien un rempart contre le racisme. Il suffit de se rappeler de l’accord récent sur les réfugiés qui a transformé, moyennant financement, la Turquie en cerbère consentant de la forteresse-Europe. Par ailleurs, peut-on sérieusement penser que le sort réservé aux réfugiés mais aussi à d’autres minorités dans différents Etats de l’Union Européenne comme en Hongrie, en Slovaquie ou même au Danemark est clairement plus enviable que celui des racisés dans le Royaume-Uni post-Brexit ? Rien n’est moins sûr. Enfin, doit-on rappeler qu’une des conséquences politiques de l’imposition notamment par les autorités européennes d’une austérité aveugle dans un pays comme la Grèce a consisté en l’émergence d’un parti néo-nazi ? A la décharge de l’Union Européenne, celle-ci est souvent pointée comme responsable de toutes les décisions impopulaires que les dirigeants nationaux ont du mal à assumer devant l’opinion publique.

Il est vrai qu’en Belgique, le nationalisme est généralement associé à la N-VA dont le propos est généralement porteur de rejet de l’autre, que celui-ci soit berbère ou musulman, wallon ou bruxellois. Il n’est pas moins vrai, par contre, qu’il existe en Europe des partis nationalistes dont le discours ne charrie pas continuellement des préjugés xénophobes comme le SNP en Ecosse ou ERC en Catalogne.

L’antiracisme conséquent n’a cependant pas grand-chose à voir avec le nationalisme qui prône le repli sur soi. Il est par nature internationaliste et respectueux du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La dénonciation claire du racisme institutionnel, quelle que soit la structure nationale ou supra-nationale dans laquelle il faut l’affronter, est nécessaire pour se donner les moyens de mener la lutte avec des garanties minimales de succès. Les temps qui viennent s’annoncent difficiles en Belgique et ailleurs pour les personnes issues de la diversité, de plus en plus à la merci d’aventuriers populistes construisant leur notoriété politique sur la xénophobie. Ceux qui comme le MRAX mènent le combat de l’égalité réelle doivent être en capacité de porter des coups à tous les niveaux ou peuvent s’exercer des processus d’aliénation, de domination ou d’exclusion que ça soit dans les localités, dans les régions, dans l’Etat nation ou dans une entité supranationale.

Carlos Crespo, Président du MRAX.

[1] http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/01/brexit-actes-racistes_n_10769706.html

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