Les résultats des élections appellent à des politiques plus sociales et antiracistes

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Les résultats des élections appellent à des politiques plus sociales et antiracistes

Les élections du 26 mai sont le résultat logique d’un laxisme prolongé dans la lutte contre le racisme. Toute la société sera gagnante si les luttes pour la justice sociale, écologique et fiscale et contre le racisme structurel sont inscrits au coeur des accords de gouvernements.

Bruxelles, 19 juin 2019 – Il est tentant d’interpréter les résultats des élections en Flandre uniquement comme un appel aux élus à exclure une partie de la population ou de conclure que la Wallonie et Bruxelles sont exemptes de l’idéologie de l’extrême-droite. Ce serait oublier que dans tout le pays, l’exclusion de personnes racisées perdure depuis des décennies. Durant tout ce temps, la lutte contre le racisme n’a jamais été une véritable priorité pour les différents gouvernements. Les craintes que la société multiculturelle suscite chez certains électeur.rice.s ont même été exploitées et renforcées. Les déclarations et pratiques racistes ont été normalisées. Les conséquences du racisme structurel, telles qu’observées dans de nombreuses études, ont été minimisées. Il est grand temps de rattraper le temps perdu en implémentant des mesures ambitieuses contre le racisme structurel, dans tous les domaines sociétaux.

Prendre l’électeur.rice au sérieux, c’est mener des politiques sociales et antiracistes

Les élections nous apprennent aussi autre chose. Comme l’étude postélectorale de RepResent le démontre, tant dans le nord que dans le sud du pays, la population craint une diminution de la prospérité et du bien-être. Le 26 mai, les électeur.rices de toutes les régions du pays ont donc également donné le signal suivant: nous voulons avoir confiance en l’avenir. Nous voulons vivre en sécurité. Nous exigeons d’avoir accès à des logements et des soins de santé de qualité et abordables un travail décent et un enseignement de qualité.

Il est donc urgent de garantir ces droits fondamentaux, notamment en termes de logement, d’emploi, d’éducation pour tous les habitants. Toutefois, cela ne suffira pas. Afin d’éviter que la société ne se fragmente davantage et ne se trompe complètement de cible en attisant la prétendue concurrence entre les différents groupes, cette politique sociale doit s’accompagner d’une lutte efficace contre le racisme structurel et les discriminations. Dans la même enquête de RepResent, l’introduction de testings pour prouver des discriminations était également fortement soutenue des deux côtés de la frontière linguistique. Les nouveaux gouvernements doivent prendre le signal des électeur.rices au sérieux et s’engager sans équivoque en faveur des droits humains et de l’État de droit démocratique.

Dès maintenant, concrétiser le contenu du plan d’action contre le racisme

Avant les élections, la Coalition pour un plan interfédéral contre le racisme a reçu un engagement clair de la grande majorité des partis démocratiques : en parallèle de la lutte contre le sexisme et l’homophobie, il faut développer un plan d’action interfédéral spécifique contre le racisme, dans toutes les entités fédérales. Pour tenir ces promesses électorales, une phrase sur le plan d’action dans tous les accords de gouvernements ne suffira pas. En consultation avec la société civile antiraciste, le contenu du plan doit être clarifié dès maintenant. Nous ne devons pas inventer la poudre : la société civile a déjà formulé de nombreuses propositions. De plus, dans leurs programmes, différents partis mentionnent des actions intéressantes, qui pourraient être reprises dans le plan.

Le racisme n’est pas un monopole de l’extrême droite

En attendant, il ne s’agit certainement pas d’adopter un langage et une politique d’extrême droite pour répondre aux peurs d’une partie de l’électorat. Le racisme n’est pas un monopole de l’extrême droite. Que gagnerait la société si les partis d’extrême droite perdent en popularité mais que leurs programmes sont mis en œuvre par d’autres partis? Toute la société sera gagnante si les gouvernements mettent en oeuvre des politiques de pluralisme actif qui rassemblent, et qu’en même temps, la lutte contre le racisme structurel est enfin prise au sérieux. En ce compris la négrophobie, l’islamophobie, la Romaphobie, l’antisémitisme et le  racisme latent contre les migrants et demandeurs d’asile . 2024, c’est déjà demain. L’heure n’est donc plus à la communication, mais à l’action. Alors à quand une première réunion dans chaque entité fédérale pour discuter du contenu et du budget du plan d’action?

La Coalition pour un plan interfédéral contre le racisme est composée de 55 organisations de la société civile.

Contact : Sakina Ghani | sakina.ghani@bepax.org

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