Alors que nous apprêtons à commémorer, le 10 décembre prochain, les 70 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, il y a lieu de s’interroger sur sa vigueur et sa pérennité. Pour rester dans l’actualité, on peut faire le lien entre cette déclaration signée à Paris en 1948 et la tenue de la conférence des Nations Unies pour signer un pacte mondial pour des migrations sures, ordonnées et régulières qui débutera à Marrakech…le10 décembre. Ce texte fait suite à la déclaration de New-York pour les réfugiés et les migrants du 19 décembre 2016, votée à l’Assemblée Générale des Nations Unies…à l’unanimité ! Ces deux dernières années, il semble que l’exacerbation des passions autour de la question de l’accueil des migrants, dans plusieurs contrées du monde ait rendu impossible, un accord unanime autour d’un texte universel de défense de leurs droits fondamentaux. Nous ne creuserons pas ici la question de la énième provocation raciste de la N-VA, le phénomène est bien plus global. Il se trouve désormais de plus en plus de pays à l’instar de l’Autriche, des États-Unis de la Hongrie, ou même de l’Australie, référence absolue des politiques migratoires pour Théo Francken, pour refuser de reconnaitre les migrants davantage comme des sujets de droits que comme une prétendue menace pour leur avenir. Les dirigeants de ces états sont sur le point de fouler aux pieds l’universalité des droits humains le jour où il aurait été attendu qu’on les célèbre !
Les pays qui refusent de s’accorder sur des migrations sures, ordonnées et régulières prétendront sans doute agir de la sorte pour protéger leurs frontières, leurs populations voire leurs cultures contre l’arrivée de migrants supposés les mettre à mal. Si le pacte est non contraignant, il semble que son rejet s’avérerait payant. C’est le cas pour des gouvernements qui n’ont aucun mal à jouer sur les préjugés de leurs concitoyens sur les migrants. Aujourd’hui, il est presque devenu habituel de voir les politiques soigner leur popularité plutôt à coup de propagande migrantophobe que de valorisation d’actions porteuses au bénéfice de l’ensemble de la collectivité. Cette tendance risque bien d’aller en s’aggravant dans les 6 mois qui viennent notamment en Europe. Avec les élections européennes qui se profilent à l’horizon, la chasse aux voix xénophobes est ouverte pour les candidats se profilant à l’extrême-droite plus ou moins assumée qui se soumettront au scrutin en mai prochain. A l’occasion de cette échéance électorale, les antiracistes notamment en Belgique doivent se montrer extrêmement vigilants sur le respect plein et entier de la déclaration du 10 décembre et de son esprit face aux bonimenteurs qui entendent engranger des voix sur base des peurs et des préjugés de leur électorat.
L’évolution de la portée des droits humains lors de ces dernières années est plutôt inquiétante. Le MRAX s’est toujours battu pour résorber l’écart entre les grands principes démocratiques dont notre pays se revendique et leur application réelle. Aujourd’hui en plus d’essayer d’obtenir qu’ils soient concrétisés, il faut également se mobiliser pour qu’on ne remette pas en question lesdits principes…La tâche s’annonce donc plus ardue mais l’essentiel demeure toutefois. L’égalité réelle ne sera obtenue que par l’établissement d’un rapport de force favorable. Comme tout au long des 7 décennies qui se sont écoulées depuis la signature de la Déclaration Universelle des droits humains…