Le Gouvernement belge refuse d’appliquer une décision de justice et se fait complice de l’assassinat prochain d’une famille syrienne candidate à l’asile

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Les Etats modernes se définissent par leur respect de l’Etat de droit, dont l’un des principes est la séparation des pouvoirs. Montesquieu a défini précisément cette notion de séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) qui fonde nos démocraties modernes. Ce principe a prévalu, non sans certaines entraves récurrentes et atteintes ponctuelles, durant de nombreuses années dans différents pays dont la Belgique.

Aujourd’hui, nous avons l’une des plus hautes autorités de l’État, en l’occurrence, le Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration, qui refuse de s’y conformer pour des raisons bassement politiciennes. Théo Francken, puisqu’il s’agit de lui, a décidé de ne pas appliquer la décision d’un tribunal bruxellois l’enjoignant à accorder un visa à une famille syrienne actuellement en danger dans Alep bombardée férocement par le régime syrien et ses alliés russes.

Alors que des citoyens namurois sont prêts à offrir un foyer d’accueil à un couple et à deux enfants de cinq et huit ans (sur)vivant aujourd’hui sous les bombes, Théo Francken refuse de reconnaître cette décision judiciaire dont l’application effective relèverait pourtant de la plus élémentaire humanité. Le Secrétaire d’État, cynique jusqu’au bout, s’est justifié en arguant que la Belgique avait déjà été très « accueillante » avec les réfugiés syriens et que la « population ne soutient pas la démarche de la famille namuroise. » Ainsi, il se soustrait en tant que membre du gouvernement à une décision de justice parce selon lui ceux qui l’ont élu comme député sont en désaccord avec ladite décision ! Il s’agit ni plus ni moins que d’une seconde mort de Montesquieu et du principe de séparation qu’il incarne encore à ce jours, et ce pour des raisons d’opportunisme électoraliste au mauvais parfum de populisme.

Plus grave que la profanation d’un symbole, nous sommes ici face à une décision arbitraire qui expose une maman, un papa et leurs deux enfants à des risques mortels pour flatter ce qu’il croit être les opinions de ses électeurs. Ce Ministre qui s’est déjà distingué à de nombreuses reprises par des déclarations à l’emporte-pièce visant ceux qui ont le tort de ne pas lui ressembler a par ailleurs cru bon de faire de l’humour autour de son refus de respecter cette décision de justice. Pense-t-il sérieusement que l’électeur belge « soutient » le fait de s’esclaffer de la non application d’une décision de justice visant à sortir une famille de l’enfer ?

Le gouvernement belge doit impérativement se ressaisir au nom des principes humanistes élémentaires dont la Belgique se proclame être les défenseurs partout dans le monde. Le Premier Ministre doit rappeler à son Secrétaire d’Etat qu’il n’est pas au-dessus des lois. Dans le cas contraire, si l’issue de cette affaire s’avère funeste pour la famille syrienne, Théo Francken se rendra complice par action ou omission d’un crime de guerre et le siège du Gouvernement à la Rue de la Loi se verra peut-être souillé du sang d’innocents dont l’Histoire retiendra qu’elle aurait pu aisément éviter de voir couler.

Carlos Crespo, Président du MRAX

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