Communiqué de presse – 19 juin 2015 Action de désobéissance civile contre les centres fermés

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Ligue des droits de l’Homme – MRAX
Communiqué de presse – 19 juin 2015

Action de désobéissance civile contre les centres fermés:
fermeture symbolique d’un ministère qui viole les droits humains

Depuis 7h50 ce matin, pour marquer une journée mondiale des réfugiés se déroulant dans un contexte politique de criminalisation des migrants et des demandeurs d’asile, cinq militants demandant la fermeture des centres fermés se sont enchaînés à un bloc de béton devant le Secrétariat d’Etat à l’Asile et à la Migration (rue de la loi, 18 à 1000 Bruxelles). Une vingtaine d’autres militants sont présents sur place.

Chaque année, plus de 6000 personnes migrantes sont détenues dans les 5 centres fermés belges, au seul motif qu’elles n’ont pas de titre de séjour. Et cela fait 20 ans que la LDH et le MRAX le rappellent: les centres fermés sont de véritables prisons. Y être détenu, c’est devoir laisser ses droits au vestiaire. Les personnes qui y sont enfermées n’ont pas commis de délit et ne pas disposer d’un titre de séjour ne fait pas de l’étranger un criminel.

Le Secrétaire d’État Theo Francken rappelle sans cesse sa volonté d’augmenter le nombre de places en centres fermés. Une volonté qu’il met à exécution de facto mais aussi, de manière plus pernicieuse, en diminuant parallèlement le nombre de places d’accueil en milieu ouvert. La rue ou l’enfermement avec, à terme, la même destination finale: le retour.

Cette marche en avant vers une augmentation du recours à ces prisons qui taisent leur nom se double d’un risque de retour en arrière intolérable: en octobre dernier, le Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration déclarait envisager le retour des familles sans-papiers avec enfants mineurs en centres fermés. Si, de manière inique, la loi belge n’interdit pas l’enfermement des familles, il faut rappeler que la Belgique avait été contrainte d’arrêter ces incarcérations suite à trois condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme.

Enfin, plus largement, par le biais de ses déclarations – comme celle récemment sur les expulsions des « illégaux » criminels -, le secrétaire d’Etat lie imperceptiblement la problématique des sans-papiers à celle de la criminalité et de la fraude. Cet amalgame propose une image particulièrement tronquée et stigmatisante des migrants. Sanctionner des délinquants et lutter contre l’impunité est justifié mais soupçonner des individus d’actes délictueux par le seul fait qu’ils soient étrangers ou en situation irrégulière est discriminatoire. Cela alimente un climat de peur et de rejet à l’endroit des migrants… ce qui est peut-être le véritable objectif poursuivi par le gouvernement actuel. Un objectif permettant de justifier le recours aux centres fermés et aux expulsions.

La décision de mener une action de désobéissance civile ne se prend pas à la légère. C’est un acte fort de responsabilité citoyenne face à des situations légalement établies mais humainement inacceptable. C’est une démarche militante qui vise, en l’occurrence, à mettre en lumière le dangereux message qui se cache derrière les mesures de plus en plus restrictives du gouvernement en matière de politique d’asile: celui de la criminalisation des migrants et de la généralisation de l’enfermement. Cette démarche radicale mais non-violente s’inscrit par ailleurs dans le cadre de la semaine internationale contre les centres de rétention pour Etrangers.

Dans ce contexte, et par l’action de ce jour, la LDH et le MRAX rappellent leur engagement à lutter contre l’existence des centres fermés et demandent leur suppression.

CONTACTS PRESSE:

Carlos Crespo, Président MRAX: 0485 31 16 58
Alexis Deswaef, Président LDH: 0475 57 57 00

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