« C’est la mode »

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Un billet d’humeur intitulé « C’est la mode » et publié dans « Le Soir » voici quelques mois a suscité des réactions sur notre forum. L’auteur a souhaité y répondre en apportant les précisions suivantes.

Ayant lu sur votre site quelques réactions à mon billet d’humeur envoyé, sous le titre : « C’est la mode », entre autres au Soir , je voudrais apporter à vos correspondants quelques précisions :

1) Je suis professeur d’une part à l’athénée Maïmonide, qui relève de l’enseignement libre confessionnel (comme l’enseignement catholique), d’autre part dans un athénée de Bruxelles relevant directement de la Communauté française.

2) Il était difficile, vu les circonstances (forte affluence, arrivée imminente à destination…), d’alerter un contrôleur ou la police. Et puis après tout, il n’y avait eu ni molestation physique ni même attaque verbale directe… De plus, en de telles situations, mes étudiants juifs préfèrent souvent , je crois, forts d’une certaine expérience, ne pas réagir…

3) Le groupe de jeunes du voyage du retour était différent du premier.

4) Quel était mon propos ? J’ai voulu :

a) à l’issue d’un après-midi éprouvant, exprimer mon exaspération et ma tristesse face à une vulgarité et à une violence verbales certaines

b) attirer l’attention sur le fait que des propos à coloration raciste peuvent se retrouver dans la bouche de personnes qui s’estiment elles-mêmes, parfois à juste titre, victimes de ce racisme

c) m’interroger sur la singulière tolérance qui entoure ce genre de propos, notamment quand il s’agit de propos anti-juifs.

S’agissait-il de stupidité ou de racisme ? Des deux, peut-être. Le second va-t-il sans la première ? La question est de savoir comment réagir. Est-il sain de faire comme si de rien n’était ? De balayer le problème d’un « C’est la mode », ou encore, comme je l’ai déjà entendu, d’un « Bah ! Ils ne savent pas ce qu’ils disent… » , ou encore « Ils ne sont pas racistes, mais stupides ». Quelle estime de l’autre perce d’ailleurs dans de telles phrases ? Ne faudrait-il pas remplacer au moins le terme « stupidité » par « ignorance », ou « manque d’information », de cette information que nous avons bien du mal à recueillir ?

Dans mon école non juive, des élèves me posent souvent la question « Vous êtes juive, madame ? » (« Question parfois précédée d’un préliminaire diplomatique : « De quelle religion êtes-vous ? ») et cela parce que je modère parfois, d’un sourire dubitatif, leurs certitudes sur les bons et les mauvais de ce monde, et surtout parce qu’ils savent que j’enseigne dans une école juive (j’ai d’ailleurs, voici quelques années, organisé, à la demande des élèves de classes terminales des deux côtés, des rencontres entre les deux établissements). Eh bien, non, je ne suis pas juive. Mes jeunes interlocuteurs se montrent peu convaincus par ma réponse, ou rassurés (ouf ! ce prof qu’ils aiment bien n’a pas cette tare).

Une question pour terminer :

Si les propos que j’ai entendus dans le métro n’avaient pas concerné des juifs, mais des Arabes musulmans, se dépêcherait-on d’y voir de la simple « stupidité » ?

Elisabeth Van Wilder

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