Zéro visa pour le groupe Konono n°1

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C’est l’été, la saison des festivals, de la valse des visas et des expulsions !

 

 

Konono n°1, ensemble de percussionnistes, chanteurs et danseurs originaires du Congo qui doit tourner en Europe dès la fin de cette semaine, s’est vu refuser sa demande de visa. Comme l’an dernier, cette décision aberrante et scandaleuse met en grande difficulté les membres du groupe et les différents intervenants qui travaillent avec eux (organisateurs, tourneurs, etc).

Le groupe Konono n°1 est souvent présenté comme le meilleur ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC) : débrouillard, drôle, ingénieux, volcanique… La preuve, les membres du groupe ont un passeport diplomatique.

World. Mais rien n’y a fait. Malgré un programme de tournée européenne garanti sur facture et le succès des disques édités par le petit label bruxellois Crammed, les neuf musiciens du groupe congolais – considéré comme une sensation world de ces dernières années – sont restés en rade à Kinshasa, où ils ne parviennent pas à décrocher un visa pour l’Europe. Et à mesure que les jours passent, ils sont contraints d’annuler les dates les unes après les autres…

Le 23 mai, les Konono n°1 étaient attendus à la Tate Modern Gallery de Londres pour un concert en hommage au réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety, décédé récemment. Raté ! La même mésaventure risque de se reproduire dimanche à Porto, au Portugal, où le musée Serralves a programmé la même manifestation.

Les ennuis de Konono n°1 ont débuté en janvier. Leurs passeports étant archipleins, les musiciens demandent un renouvellement de leurs documents de voyage. Pas de chance, la RDC a épuisé son stock de passeports vierges. Et lorsque les précieux sésames arrivent enfin, ils sont renvoyés au fabricant car inadaptés. Voyant le temps filer, le groupe sollicite exceptionnellement des « passeports de service » auprès du ministre des Affaires étrangères. Trop tard pour obtenir un visa britannique – délivré uniquement depuis Nairobi, au Kenya – avant le 23 mai, première date de leur tournée européenne. Mais les diplomates anglais promettent de délivrer un visa depuis Paris en une matinée. Ne reste plus qu’à obtenir un visa Schengen, valable dans la quasi-totalité des pays européens… sauf la Grande-Bretagne, l’Irlande, la Roumanie et la Bulgarie.

Les Konono se pointent donc à l’ambassade de France, où ils sont connus depuis un bon moment, ainsi que leur tourneur, Run Production, basé à Poitiers. On leur promet un visa dans les sept jours. Mais en présentant leurs nouveaux passeports, à la mi-mai, ils se voient expliquer qu’il faut revenir une semaine plus tard car le bon formulaire n’est pas disponible.

La semaine suivante, le formulaire est là, mais les dossiers des musiciens sont retoqués car la date de départ est trop proche : il faut reprendre la procédure de zéro et désormais, le délai est de deux semaines. Au consulat de Belgique, on leur réclame un « certificat de bonne vie et de bonnes mœurs » de la commune d’origine. Dans un pays grand comme l’Europe occidentale, sans voies de communications fiables et sortant d’une décennie de guerre civile, c’est mission impossible.

« Schengen ». Au consulat de Suède, où Konono n°1 doit aussi se produire, on leur rit au nez : trop tard, hors délais… « C’est ça, l’espace Schengen, s’emporte Michel Winter, leur producteur et manageur français installé à Bruxelles. Chacun se renvoie la balle et chacun demande des documents différents. On va même décourager de venir en Europe un groupe qui gagne de l’argent, fait vivre des dizaines de familles et n’a aucune envie de vivre ailleurs qu’au Congo. La preuve, ils sont toujours rentrés au pays à l’issue de leurs nombreuses tournées internationales. »

- http://www.myspace.com/konononr1
- http://www.crammed.be/konono/

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