Texte de la plateforme pour la manifestation du 24 mars 2018
Le monde associatif se réunit à l’occasion du 21 mars, Journée internationale contre le racisme et la discrimination. Le 24 mars 2018, en organisant une manifestation nationale à Bruxelles, nous voulons montrer que nous ne nous laissons pas diviser par le racisme et les mesures discriminatoires et que nous continuons à nous battre pour une société où chacun compte et où l’égalité est la règle. Nous commémorerons en même temps les victimes de la haine et de la terreur, à Bruxelles et ailleurs. La terreur veut construire des murs, semer la division entre « nous » et « eux ». Nous ne pouvons admettre cela. Ensemble, nous luttons contre la haine et l’agression, contre la discrimination, le racisme et les inégalités.
Le discours politique dominant et les mesures de droite tentent de nous diviser et créent une opposition entre individus et entre communautés. On veut nous faire croire que les minorités, les réfugiés et les immigrés sont responsables de l’appauvrissement général. Plutôt que de garantir la répartition équitable du travail et de l’argent, les droits sociaux sont vidés et démantelés. Les responsables restent hors d’atteinte.
Entre-temps, le racisme et la discrimination ont un impact destructif sur la vie d’un nombre croissant de personnes et dès lors sur la société dans son ensemble. Les réfugiés ne sont pas bien accueillis. Nous enfermons des enfants dans des centres fermés et renvoyons des personnes dans des pays où elles risquent d’être torturées. De fortes inégalités subsistent même pour des personnes d’origine étrangère nées ou vivant en Belgique depuis longtemps. Plus de 50% Belges d’origine marocaine vivent en dessous du seuil de pauvreté (contre 15% de l’ensemble de la population belge). En matière d’accès au marché du travail pour les minorités ethnoculturelles, la Belgique figure parmi les pays les plus inégalitaires de l’UE et de l’OCDE. De tous les pays de l’UE, c’est notre système éducatif qui perpétue le plus les inégalités existantes. Environ 55 % des demandeurs d’emploi belges issus de l’immigration ne trouvent pas d’emploi après un an, alors que 50% des Belges en trouve un après six mois. Il existe également une discrimination structurelle sur le marché locatif, dans l’enseignement et dans les services publics. Travailler et étudier pour un meilleur avenir ? Pas pour les personnes d’origine immigrée en Belgique.
Les autorités belges utilisent la stratégie du « diviser pour régner », afin de poursuivre tranquillement le démantèlement de nos droits sociaux. C’est inacceptable. Voilà pourquoi la plateforme met en avant cinq revendications concrètes, auxquelles chaque individu ou organisation le souhaitant peut souscrire :
- Toute personne a droit à un emploi et à un logement décent. Attaquez la discrimination par des mesures concrètes plutôt que par des slogans creux. Introduisez des tests de situation proactifs assortis de sanctions sur le marché du travail et de la location.
- Assurez un accueil chaleureux, humain et adéquat des réfugiés, dans le respect des droits humains. Ne concluez pas d’accords sur les réfugiés avec des régimes non démocratiques. L’État doit prévoir une offre professionnelle organisée et un plan éducatif responsable qui vise l’intégration, la régularisation, et le traitement social égal de tous les nouveaux-arrivants et sans-papiers, conformément aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de la Convention de Genève..
- L’interdiction des signes philosophiques empêche de nombreuses femmes d’accéder à l’emploi et à la formation. Nous nous opposons à l’interdiction du foulard sur le lieu de travail et dans l’enseignement secondaire et supérieur.
- Plusieurs articles de la nouvelle loi sur les étrangers (‘loi déportation’) sont indignes de notre État de droit. Ainsi, l’article 21 de cette loi permet l’expulsion de personnes ayant un titre de séjour légal, même nées en Belgique sur base de présomptions (donc sans faute avérée, sans procès). Abolissez ce traitement inégal des citoyens.
- Toute personne a droit à l’égalité de traitement et à la protection par la police. Il faut s’attaquer au profilage ethnique, à la violence excessive et aux comportements discriminatoires de la police au moyen d’une politique de tolérance zéro.
- Depuis l’indépendance du Congo, la Belgique n’a pas fait son travail de conscience sur la colonisation, immense entreprise de pillage et de destruction. Cela s’observe dans l’espace public, qui est truffé de références à la période coloniale, comme dans les programmes scolaires d’histoire. Il faut mener une réflexion commune et des actions symboliques pour la décolonisation de l’espace public et intégrer une analyse critique de la colonisation dans les programmes scolaires.
Pour la Plateforme 21 Mars :
En ordre alphabétique
Begijnhofparochie Brussel; Comac; CSM; ella vzw; FMV; Hand in Hand Tegen Racisme; Hard Boven Hard; Jong Groen; Jong Socialisten; Karamah EU; Kifkif; Koerdische Beweging; Liga voor de Mensenrechten; Ligue des Droits de l’Homme; Minderhedenforum; Motief; Movement X; MRAX; Praktijktesten Nu; Progress Laywers Network; Samenlevingsopbouw Antwerpen; Toute Autre Chose; Uit de Marge; Victoria Deluxe; Vrede vzw.
Ceux qui veulent souscrire à ce texte et mobiliser pour la manifestation sont invités à envoyer un e-mail à antiracisme2018@gmail.com
Pourquoi commémorons-nous aussi les victimes des attentats terroristes ?