Top 6 des préjugés sur les Roms

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A l’occasion de la Journée internationale des Roms, le MRAX déconstruit une série de préjugés à l’endroit de la minorité ethnique la plus importante d’Europe mais aussi la plus discriminée. Ces idées fausses se répandent dans toutes les sphères de la société et sèment les graines de l’exclusion, de la violence raciste et des expulsions à répétition. Des idées tenaces qu’il est urgent de mettre au ban :

« Ils sont tous roumains »

Non, « Rom » n’est pas un diminutif de « Roumain ». Ce terme signifie « homme » en romani, la langue des Roms, et désigne différents groupes présents en Europe (depuis le 6ème siècle) et originaires du Nord de l’Inde : Roms, Manouches, Yéniches, Gitans et Sintis. Cette appellation générique est adoptée en 1971 par l’Union romani internationale qui revendique le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel. Le choix du terme « Rom » s’explique par la référence à leur langue, le romani. Avec une population estimée entre 10 et 12 millions de personnes, ils constituent la plus grosse minorité ethnique d’Europe. Les Roms présents au sein de l’Union européenne sont majoritairement originaires de la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, la Slovaquie, la Serbie et le Kosovo. On localise encore aujourd’hui la majorité d’entre eux dans les pays de l’Est et dans les Balkans. Bref, vous l’avez compris, les Roms ne renvoient en aucune façon à un groupe homogène.

« Les Roms sont des nomades »

Contrairement aux idées reçues, la majeure partie des Roms sont sédentaires et vivent dans des logements fixes. On les confond trop souvent avec les « gens du voyage » qui ont une activité professionnelle ambulante ce qui les fait effectivement (et volontairement) se déplacer de villes en villes. Quant à ceux qui effectuent des allers-retours entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest, ils ne sont pas nomades mais contraints à l’instabilité géographique. Leur déplacement récurrent n’est que la conséquence du rejet, des expulsions et de la mauvaise application des règles de l’Union européenne en matière d’installation. De la même façon, habiter dans des bidonvilles ou des camps de fortune n’est pas le résultat d’un choix mais d’un manque de moyens.

« Ils ne se mélangent pas aux autres »

Encore un cliché entretenu par les images de squats ou de camps où se concentrent une communauté de Roms. Ils n’ont pourtant pas pour objectif de vie de rester avec leurs semblables dans la précarité et l’indifférence. Si la culture familiale chez les Roms est forte, comme dans d’autres communautés, le regroupement est avant tout un moyen d’entraide et de sécurité. Ils partagent la même langue et sont confrontés eux-mêmes difficultés, ils se rassemblent donc pour y faire face.  S’ils n’étaient pas plongés dans cette situation, ils aspireraient à s’insérer, se disperser et sortir de la stigmatisation. D’ailleurs bien des Roms se définissent d’abord par leur appartenance à leur pays ou localité d’origine plutôt qu’au « peuple Rom ». Un Rom de Bruxelles ne va pas se sentir particulièrement proche d’un Rom de Barcelone.

« Ils préfèrent mendier »

Le traitement médiatique et politique des Roms entretient l’image du Rom misérable qui fait la manche avec ses enfants. Tout d’abord s’ils sont plus visibles, les roms qui mendient ne sont pas majoritaires. On a focalisé l’attention sur la mendicité parmi les Roms mais la majorité, invisible aux yeux de la société, travaille et vit dans des conditions normales, malgré la stigmatisation. Pour pouvoir louer un appartement, nombreux sont les Roms qui doivent cacher leur origine. Ensuite, pour la minorité qui se retrouve à la rue, la mendicité n’est que la résultante de la précarité. Ces personnes n’ont que très rarement accès au marché du travail ou à des allocations quelconques. Faire la manche devient alors pour eux l’unique moyen légal d’obtenir des revenus.

« Les Roms n’éduquent pas leurs enfants »

La transmission de leur culture orale et de leur langue depuis des siècles démontrent une grande capacité d’éducation. Si on parle des mères Roms qui vivent de la mendicité (une minorité, on le rappelle), elles n’ont pas accès aux crèches. Garder son bébé avec elle est la meilleure manière pour la maman de le protéger. Ensuite les Roms essaient d’inscrire leurs enfants à l’école, c’est juste très compliqué sur le plan administratif et ils doivent faire face aux préjugés. L’école est souvent le lieu des premières humiliations et des premières insultes. Les enfants n’osent pas dire aux autres qu’ils sont Roms. Faire face aux préjugés n’est pas toujours facile dans une cour de récréation. Ensuite la précarité cause encore des problèmes, la famille n’a pas forcément l’argent nécessaire pour payer les fournitures scolaires, des vêtements propres, la cantine etc. Et enfin, pour peu que sa famille ne soit expulsée de son logement, l’enfant peut être amené à quitter l’école ou pire, être séparé de sa famille. Autant d’éléments qui compliquent l’intégration scolaire.

« Mais pourquoi font-ils autant d’enfants? »

Tous les Roms ne font pas beaucoup d’enfants, mais en général, ils aiment les familles nombreuses. L’histoire de la contraception n’est pas facile pour les Roms. Ils ont été victime d’un génocide par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, génocide souvent passé sous silence. De pseudo-expériences scientifiques ont eu lieu pour stériliser les femmes. Et ce n’est pas que de l’histoire ancienne, des pratiques de stérilisations forcées de femmes Roms ont perduré après la guerre. Encore récemment en 2011, la Cour européenne a condamné la Slovaquie pour avoir stérilisé de force des femmes Roms. Ces pratiques ont pour but de faire disparaître les Roms, comme s’il s’agissait d’indésirables. On peut comprendre qu’ils se replient sur eux-mêmes et refusent même les progrès de la médecine en matière de contraception.

 

 

 

 

 

 

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