L’antiracisme: le MRAX répond à Destexhe

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L’homophobie et le racisme sont bien présents Monsieur Destexhe. Venez partager une semaine aux côtés de nos juristes du MRAX pour découvrir la réalité quotidienne des agressions, des insultes, des discriminations. La réponse de Tommy Bui et Vincent Cornil (respectivement président et directeur du MRAX ASBL)  à la carte blanche « L’antiracisme est nu » rédigée par le sénateur Alain Destexhe. 

 

 

« Quand on désire savoir, on interroge. Quand on veut être capable, on étudie. Revoyez sans arrêt ce que vous savez déjà. Etudiez sans cesse du nouveau. Alors vous deviendrez un Maître », Confucius.

L’homophobie n’existe pas, l’islamophobie est légitime, le racisme anti-noir n’est dénoncé que par des gens frustrés face à la supériorité blanche, les Roms ne sont de toute façon pas là où ils devraient être et la Shoah n’est finalement qu’un détail de l’histoire ! Un peu tardif et sans originalité après une sortie similaire la semaine dernière de l’échevine anversoise N-VA, Mme Homans.

Cependant Monsieur Destexhe, nous devons vous ramener aux dures réalités de la société auxquelles un représentant de la Nation digne de ce nom doit être sensibilisé.

On peut à juste titre s’étonner de ce tir à boulets rouges dans une tribune médiatique sur le Directeur adjoint d’une institution étatique… en lieu et place de la tribune parlementaire. Cette carte blanche, intitulée « L’antiracisme à nu », reprend deux idées : l’homophobie n’existe pas – l’argument avancé est par ailleurs foudroyant – et le racisme n’est plus, on a une « norvégienne » sur la chaîne publique.

Votre approche du racisme en a étonné plus d’un, même s’il est un fait dont on peut aborder la définition de deux manières différentes :

Soit prendre un petit dictionnaire illustré et en ressortir une définition très basique ou alors aborder le racisme comme un concept et tout concept est, par définition, à conceptualiser. Il est dès lors nécessairement changeant dans le sens où il doit pouvoir prétendre exprimer au mieux la réalité à laquelle il renvoie. Or, chaque réalité, chaque contexte, évolue. Il faut en conséquence l’étudier, l’analyser, le développer et on est donc face à un exercice plus subtil, qui demande davantage de discussion. Bref un exercice qui demande de la rigueur, ce dont vos propos manquent cruellement.

Allez dire aux parents d’Ihsane Jarfi, jeune homme assassiné en 2012 pour son orientation sexuelle, que l’homophobie est marginale. Quelle doit être la réaction des élus face à ce couple agressé physiquement et insulté par la police bruxelloise pas plus tard qu’il y a deux semaines ?

Nous vous invitons à venir confronter votre « société parfaite » en partageant une semaine aux côtés de nos juristes du MRAX, répondre aux citoyens face à la réalité quotidienne des agressions, des insultes, des discriminations dans l’accès à l’emploi, au logement, au loisir que vivent toutes les minorités (ethniques, religieuses, nationales, de couleur de peau, sexuelles…). Nous vous proposons plus généralement de vous rapprocher du monde associatif, de la société civile, et de la réalité de TOUS les citoyens.

Au-delà d’un manichéisme irresponsable, nous faisons le constat de votre obsession « totalitaire » de vouloir réformer, fermer, recycler,… toute institution (le MRAX, le Délégué général aux droits de l’enfant, le Centre pour l’Egalité des Chances,…) qui ne s’aligne pas sur votre « pensée ». Il s’agit là d’une conception bien personnelle de la « Démocratie »…

Aussi, cette tentative d’enfermer les combats antiracistes dans un clivage gauche – droite est à la mesure de notre questionnement sur votre véritable courant politique. Car droite comme gauche ont toujours fermement combattu les idées nauséabondes qu’aujourd’hui vous relativisez, voire niez.

Finalement, un point nous accorde : dans le monde hypermédiatique qui est le nôtre, toute chose, tout phénomène, n’attire l’attention sur lui que si l’on en parle sur le plan médiatique, d’où la nécessité pour les associations antiracistes de rappeler la réalité du racisme et des discriminations et d’user des médias afin d’alerter la société sur ces menaces pour la cohésion sociale. Ce qui est vrai pour les faits sociaux l’est également pour les personnes. Il faut que l’on parle d’elles pour qu’elles existent et elles font donc tout dans ce but. Vous existez, nous sommes conscients de cela. Il n’y a pas de contrainte à nourrir le racisme afin de justifier notre existence, d’autres le font déjà très bien.

 

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