Nous commémorons aujourd’hui le 70ème anniversaire de la libération du camp de concentration nazi Dachau. Il fut le premier des camps mis en place par le régime national-socialiste en 1933. Le 29 avril 1945, l’armée américaine pénètre dans les lieux souillés par les crimes abominables qui y furent commis. Des dizaines de milliers de personnes y périrent. D’autres purent revenir et contribuer ensuite à l’indispensable travail de mémoire. Arthur Haulot et l’abbé Froidure, figures belges de la résistance, comptent parmi les 200.000 prisonniers qui connurent cet enfer. Pour une organisation comme le MRAX qui considère le travail de mémoire comme un fondement de toute démocratie qui se respecte, il était essentiel de ne pas passer à côté de l’occasion d’honorer les victimes et les survivants de la seconde guerre mondiale.
L’actualité n’en finit pas de donner raison à Bertold Brecht qui eut un jour cette phrase terrible dont il n’imaginait sans doute pas la portée prophétique : «Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Le choix de tenir notre assemblée générale dans cet espace aussi emblématique n’a bien évidemment rien d’anodin. Le Musée Juif qui était déjà depuis bien longtemps, un lieu de culture, un lieu d’échanges, un lieu de rencontres est, depuis 11 mois, devenu un lieu de mémoire. C’est dans ces murs que, le 24 mai dernier, la folie antisémite a frappé. C’est dans cette enceinte que 4 personnes sont tombées sous les balles d’un assassin fanatisé parce qu’elles se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment. C’est ici même où nous tenons notre réunion que s’est déroulé le crime raciste le plus odieux dans notre pays depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, alors que nous devons tenir cette réunion sous la protection des forces armées, il convient d’exprimer tout notre soutien à une communauté qui, 70 ans après le génocide qui la décima, vit encore sous la menace de criminels qui pourraient attenter à la vie d’individus parce que juifs.
Comment évoquer l’histoire des camps de concentration et de la résistance sans honorer la figure d’Yvonne Jospa ? Cela fait 15 ans cette année que la mère fondatrice du MRAX nous a quittés. Elle reste présente dans nos cœurs. Il est clair, même pour ceux qui, comme moi, n’ont malheureusement pas eu l’honneur de la connaître, que son ombre tutélaire ne cesse de planer sur chacune de nos actions, sur chacune de nos réflexions. Depuis mon arrivée à la présidence de notre organisation, j’ai l’intime conviction qu’il est de notre devoir de tout faire pour rester dignes de son héritage, pour faire en sorte que le MRAX soit à la hauteur de son histoire.
En 1991, dans une émission de la RTBF que j’ai pu visionner récemment, elle insistait sur l’importance de l’expression politique des personnes issues de l’immigration. En mobilisant les minorités et en suscitant leur participation, nous essayons modestement de marcher sur ces pas. L’objectif de notre mouvement reste l’inclusion pleine et entière dans la société de l’ensemble de ses composantes au nom de l’idéal antiraciste le plus universel, celui de l’égalité de droits !