Communiqué – Sémira Adamu, 18 ans déjà

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Le 22 septembre 1998, Semira Adamu, jeune femme de 20 ans, a été étouffée à bord d’un avion en partance de Zaventem pour le Nigéria. Elle a été tuée car elle s’opposait à son expulsion vers un pays qu’elle avait fui pour ne pas devoir épouser un sexagénaire dont elle aurait été la quatrième femme. Elle a été étouffée à l’aide d’un coussin par trois gendarmes tandis que leurs collègues faisaient écran pour cacher la scène aux passagers. Ils l’ont tuée alors qu’ils étaient chargés d’encadrer son expulsion. Elle a été tuée plutôt que d’être protégée comme le prescrit le droit d’asile.

18 ans ont passé mais rien n’a changé, et ce malgré les manifestations et les indignations citoyennes. La violence des « agents d’accompagnements » fait toujours partie intégrante de la procédure d’expulsion des « indésirables » : elle est tolérée et dissimulée par les autorités.  Cela fait 18 ans que des hommes et des femmes sont expulsés dans l’indifférence totale.

Il y a 18 ans, des citoyens ont empêché, à cinq reprises !, l’expulsion de Semira Adamu car ils ne pouvaient plus se taire face à la violence des autorités. Ces hommes et ces femmes, véritables défenseurs des droits humains,  seraient peut-être aujourd’hui  condamnés pour avoir réagi et adoptés un comportement dit « antisocial » par les autorités. Ainsi, 18 ans plus tard, l’heure est à l’intimidation de celles et ceux qui osent se lever pour défendre une société plus respectueuse des droits humains.

18 ans plus tard, les droits fondamentaux des demandeurs d’asile n’ont jamais été aussi malmenés. Les autorités laissent mourir en mer des migrants qui veulent trouver refuge en Europe. Et pour ceux qui survivent, on érige des murs pour mieux rejeter et exclure, alors qu’il est urgent d’accueillir.

18 ans plus tard, ils sont plus de 100.000 à attendre une régularisation. 100.000 à vivre, sans aucun statut, sans aucun droit, ne pouvant ni travailler, ni se former ni se soigner comme il se doit. Et malgré les protestations des sans-papiers et des associations, malgré les actes de désespoir, malgré les rencontres avec les autorités, aucune régularisation n’est en vue… L’émotion de 1998 est très loin et a laissé place à la plus terrible indifférence.

18 ans plus tard, nous n’oublions pas et chaque annonce d’expulsion résonne comme un nouvel affront pour les défenseurs des droits humains.

Aujourd’hui, 22 septembre 2016, l’heure est au recueillement. Mais l’occasion nous est donnée de rappeler que nous luttons pour la fermeture des centres fermés et contre l’idéologie qui leur permet d’exister. Nous condamnons cette idéologie sécuritaire qui privilégie les rapatriements forcés au mépris de la sécurité, de l’interdiction des traitements inhumains et dégradants et de la vie de ces êtres humains.

Aujourd’hui, nous dénonçons :

  • la poursuite des expulsions forcées des sans-papiers,
  • la condamnation des citoyens témoins des violences policières lors des vols d’expulsion et qui s’y opposent,
  • la politique migratoire du gouvernement belge qui continue à fermer les yeux face à la détresse de milliers d’immigrés sans-papiers présents sur le territoire belge, sans aucun statut, sans aucun droit, ne pouvant ni travailler, ni se former, ni se faire soigner comme il se doit.

Et nous demandons que le gouvernement fédéral procède à la régularisation de séjour sur base de critères clairs et objectifs.

18 ans après, la lutte continue !

Une marche en commémoration de Semira Adamu aura lieu jeudi 22/09 à 12h de Art-loi, (devant le cabinet de Francken) jusqu’à l’Office des étrangers.

Et, le dimanche 25/09, à 13h, à partir du Cinquantenaire, la Crer organise un Parcours à vélo vers le centre fermé 127 bis. https://www.facebook.com/events/1691513441174624/

 

Mrax, Crer, Ldh, La Coordination des Sans-papiers et d’autres associations solidaires

 

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