Carte blanche – S’engager dans une lutte efficace contre Daesh

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Le 22 mars 2016, la terreur armée a frappé Bruxelles avec une violence inouïe. Des images de blessés en état de choc ou de lieux publics éventrés que nous avions pris la triste habitude d’associer à des villes comme Beyrouth, Istanbul, Tunis voire Paris correspondaient cette fois à des Bruxellois dans des endroits bruxellois !

Daesh, secte criminelle dont la cruauté n’a d’égal que la lâcheté, est venu célébrer son lugubre culte de la mort, la semaine passée, dans la capitale de l’Europe. 32 victimes viennent à peine d’être identifiées. L’heure est encore au recueillement. Il nous faudra toutefois bientôt aller affronter l’ennemi qui a semé la mort dans nos rangs et qui est vraisemblablement disposé à la refaire à l’avenir. Nous devons combattre une internationale du crime, avec des ramifications complexes à plusieurs endroits du monde, dont les sicaires ont rompu avec l’humanité. Leurs rangs sont en grande partie composés de bandits endoctrinés qui, n’ayant trouvé aucun sens à leurs vies, veulent y mettre fin dans une sorte d’apothéose mortifère !

Efficacité

Dans l’âpre combat qui s’annonce, nous devons absolument éviter de nous enfermer dans une posture morale. Au vu de l’ampleur du défi actuel, la société civile en général et du mouvement antiraciste en particulier ne peuvent se permettre cette erreur. Disserter sur le bien et mal ne peut être une réponse face à des assassins a qui l’on a lavé le cerveau et détruit la conscience, c’est perdre un temps précieux dans la lutte contre Daesh dans laquelle nous nous devons de nous impliquer. Si l’on veut qu’elle donne des résultats, il nous faudra privilégier l’efficacité, ce qui dans un tel contexte émotionnel est loin d’être acquis. Il convient également d’éviter de tomber dans l’angélisme.

Ce dernier est également l’apanage du politique mais pas nécessairement dans les formes habituellement dénoncées. L’angélisme aujourd’hui serait de croire sérieusement que des individus qui en sont arrivés à accepter leur propre mort pourraient renoncer à leurs funestes desseins sous la menace de perquisitions nocturnes, d’incompressibilité de leurs peines (qu’ils ne purgeront jamais pour la plupart), ou de déchéance de leurs nationalités ! Ils ne reculeront pas davantage à l’écoute de la litanie incantatoire sur « nos valeurs ». Il y a pourtant quelque chose d’urgent à faire avec celles-ci.

En effet, il est essentiel de les concrétiser, de les matérialiser, de les faire vivre ! Le moindre renoncement quant à nos libertés fondamentales, le plus léger atermoiement quant à la légitime quête d’égalité constituerait une victoire symbolique pour Daesh dans leur lutte contre notre société. Ils appréhenderont l’inéluctabilité de leur défaite le jour ou ils comprendront que bien qu’ils puissent tuer des démocrates, ils n’arriveront jamais à tuer la démocratie !

Application effective des droits

Nous devons connaître les racines du mal, si l’on veut l’extirper à jamais. L’essor de Daesh est notamment lié à l’exclusion des sunnites du pouvoir par le régime alaouite syrien et surtout par le gouvernement chiite irakien. L’éradication de l’exclusion par la société d’une (ou plusieurs) de ses composantes sera la début de l’anéantissement de Daesh. A Racca et à Mossoul mais aussi à Paris et à Bruxelles.

La seule réplique cohérente et conséquente à la propagande identitaire et victimaire de Daesh dans nos quartiers réside en l’application effective par la Belgique des droits civils et politiques, culturels, économiques et sociaux pour l’ensemble de ses citoyens. Il n’y a pas qu’en politique intérieure, qu’il faut avoir avoir le courage et la lucidité de se remettre en question.

Les relations de l’occident avec le proche et le moyen orient doivent également être revues. Les amitiés complaisantes des occidentaux avec les états des bons tyrans et les offensives militaires visant les pays des mauvais tyrans constituent un carburant efficace pour permettre aux appareils idéologiques de Daesh de tourner à plein régime. Michel Onfray, parfois excessif dans son propos mais rarement complaisant avec l’Islam, chiffre à 4 millions le nombre de musulmans tués suite aux interventions impérialistes dans cette partie du monde. Ce passif constitue vraisemblablement un argument de poids dans les recrutements de combattants par Daesh. Il sera toujours plus facile et peut-être même plus efficace de faire taire un recruteur que de faire renoncer un terroriste !

Certaines belles âmes un peu myopes verront peut être dans les lignes qui précèdent des éléments d’excuses de l’inexcusable. Il n’en est rien. Comprendre l’adversaire, ses motivations, ses logiques, n’est pas l’excuser. Pour conclure, il ne s’agit bien évidement pas de justifier leurs crimes d’aujourd’hui mais bien de mettre à mal la justification et donc la préparation et la concrétisation de leurs crimes de demain.

Carlos Crespo est le président du MRAX (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophpobie)

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